La nouvelle vie du lieu
En 2016, l’opération de restauration lancée par la Métropole Rouen Normandie est sans précédent dans l’histoire du monument. L’état très dégradé de celui-ci la rendait nécessaire. Son objectif : assurer la conservation de l’aître Saint-Maclou et préserver pour les générations à venir l’intégrité et l’authenticité de cet édifice unique, classé dès 1862 aux monuments historiques.
Chiffres-clés de la restauration
1880 est la date retenue comme référence pour la restauration
240 fenêtres et 17 modèles différents ont été restaurés
150 papiers peints ont été révélés derrière des cloisons
30 entreprises qualifiées en Monuments historiques sont intervenues
15 corps de métiers différents ont été mobilisés
Plusieurs mètres d’empilement d’ossements dans le sol…
Les fouilles archéologiques
De nombreuses fouilles archéologiques ont récemment été menées dans la cour de l’aître et dans les galeries intérieures. Celles-ci ont permis de confirmer l’intense activité funéraire du site: les sépultures sont absolument présentes partout. Hommes, femmes et enfants étaient inhumés dans la cour, au niveau du calvaire, le long des galeries et à l’intérieur des galeries. De nombreux objets ont également été découverts dans le sous-sol : fragments de céramiques, pièces de monnaie, épingles à linceul ou encore traces de cercueil en bois et de textile.
Ces fouilles ont permis de comprendre les modes d’inhumation des défunts (utilisation de cercueil, linceul, orientation des corps…) et les pratiques funéraires de l’époque. Elles ont également révélé un état sanitaire médiocre des défunts, avec la mise en évidence de cas de syphilis ou de tuberculose. Une analyse paléomicrobiologique de la pulpe dentaire d’un individu fouillé en 2016 a mis en présence des fragments d’ADN proches de Yersinia Pestis, bactérie responsable de la peste. D’autres analyses actuellement en cours permettront de confirmer la présence de pestiférés à l’aître Saint-Maclou.
Avant la restauration, un diagnostic complet du bâtiment mené par un historien, un dendrochronologue (technique de datation du bois par ses cernes) et une architecte-archéologue a eu pour objectif de mieux comprendre la construction au fil du temps de l’aître.
À l’issu de celui-ci, la Direction Régionale des Affaires Culturelles et la Commission des Monuments Historiques ont prescrit des contraintes à suivre pour la restauration : l’état du bâtiment restauré devait se rapprocher au maximum de son état en 1880, permettant ainsi de faire apparaitre la totalité des usages et strates de construction du lieu. En outre, cette prescription permettait de recréer le passage jusqu’alors comblé entre la rue Martainville et la rue Géricault.
Les travaux de restauration ont débuté en mai 2018 pour une durée d’environ deux ans. Une trentaine d’entreprises issues de 15 corps de métiers spécialisés, directement ou non, dans les monuments historiques sont intervenus (couvreurs, électriciens, maçons, menuisiers, chauffagistes et aussi, charpentiers, tailleurs de pierre, restaurateurs de sculpture sur bois et sur pierre, restaurateurs de décor peint et de papier peint, lustriers…)
Le budget global des études et des travaux de la Métropole s’élève à 14M € HT. Ce projet ambitieux a été soutenu :
– par la Région Normandie : 4M€ dans le cadre du Contrat de Métropole conclu en 2015
– par l’État : 1,6 M€ dans le cadre du Pacte culturel signé le 20 mai 2015
– par la Caisse des Dépôts et Consignations : 30 000€
Aujourd’hui, l’aître Saint-Maclou accueille la Galerie des Arts du Feu dont la vocation est la valorisation des métiers d’art, la galerie d’art contemporain Telmah et un restaurant le café Hamlet.
Le public peut visiter librement l’aître et redécouvrir ce joyau du patrimoine. Des visites guidées sont également proposées pour découvrir encore davantage son histoire.
De nombreuses animations et visites sont proposées toute l’année dans l’aitre Saint-Maclou. Retrouvez ici toute la programmation